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Moi, ce que j’aime, c’est les monstres

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You-hou ! Ma première chronique littéraire à la radio ! Je rejoins la team de l’émission Excusez-moi de vous interrompre, en direct sur Radio Mon Païs (RMP pour les intimes) tous les lundis à 17h.

 

La charrette de la rentrée (littéraire)

Je ne sais pas si vous avez déjà vu la caricature de Vidberg, qui ressort tous les ans. Elle montre un éditeur qui dit à ses pairs : Je me disais que l’on pourrait concentrer toutes les sorties de bouquins maintenant, en septembre, quand tout le monde retourne au boulot et que plus personne n’a le temps de lire.

Et j’ajouterai : et qu’on n’a plus une thune.

La rentrée littéraire cette année, c’est 567 romans. Dans le lot, 380 romans français. Et si l’on zoome un peu sur ce gros tas de bouquins, pas moins de 94 primo-romanciers, soit un quart de la productions de romans français. Avec une tendance à s’ancrer dans le réel, selon le magazine Livres Hebdo.

J’ai donc choisi un ouvrage totalement à côté de la plaque pour ma première chronique littéraire.

Tout d’abord, il s’agit d’un livre américain. Deuxièmement, c’est un livre avec des images. Ce qu’on appelle pompeusement un roman graphique, expression largement galvaudée par les éditeurs, qui en usent et en abusent dès qu’une bande dessinée s’écarte légèrement du format de Boule et Bill.

Il s’agit de Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, de Emil Ferris, qui vient de sortir chez Monsieur Toussaint Louverture.

   

Rhhoh, ça va ! On est quand même un peu dans la tendance du moment puisqu’il s’agit d’un premier roman.

Des zones d’ombres

L’histoire se déroule à Chicago, à la fin des années 60. Karen Reyes, petite fille de 10 ans, vit dans un appart en sous-sol avec son frère et sa mère.

Karen admire les fantômes, les vampires et les morts-vivants. Elle se voit comme une mutante, un loup-garrou : pour elle, c’est plus facile d’être un monstre que d’être une fille.

Au début du roman, leur voisine, Anka, est retrouvée morte, une balle en plein cœur. La police conclut à un suicide, mais persuadée qu’il s’agit d’un meurtre, Karen mène l’enquête. Elle va découvrir des zones d’ombres dans le passé d’Anka, mais aussi dans sa propre histoire familiale.

   

Un grand cahier-BD

Le livre prend la forme d’un grand cahier à spirale, c’est un mille-feuille d’histoires et d’univers, de fictions dans la fictions, une sorte de fable onirique ancrée dans le réel. On se perd dans le fil de la pensée de Karen, comme on se perd dans les pages dessinées au stylo à bille.

Mélange de journal intime et de carnet d’artiste, hommage aux mondes de l’horreur et des séries B., le livre fourmille d’images empruntées directement aux couvertures du magazine MAD, mais aussi au monde l’art, avec des reproductions de toiles de maîtres de Caillebotte, de Gérôme, Goya, Monet, et Doré.

   

Éloge de la marginalité

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est habité par les âmes en peine des laissés pour compte, et des marginaux… C’est un ouvrage qui pose la question de la normalité, et celle de la monstruosité, de la différence.

Derrière le livre

Aux États-Unis, on a très largement communiqué sur la backstory de l’ouvrage, l’histoire en arrière-plan. Emil Ferris, l’auteure, a un parcours assez étonnant. Elle a été piquée par un moustique lors de son quarantième anniversaire, en 2001, et elle s’est réveillée à l’hôpital trois semaines plus tard, en partie paralysée. Elle avait contracté la forme la plus grave du virus du Nil. À cette époque, elle élève seule sa fille, et vit de petits contrats d’illustration. Ce sont donc des années de galère qui s’enchainent.

   

L’écriture de Moi, ce que j’aime, c’est les monstres a été un véritable combat pour elle.

Six ans de travail, plus de 800 pages dessinées, 48 refus d’éditeurs aux États-Unis, une réponse positive de la part de Fantagraphics, qui l’édite finalement,

Galère jusqu’au bout, des dizaines de milliers d’exemplaires ont été coincés au Panama, le bateau les transportant ayant été saisi pour cause de faillite. Ça ne s’invente pas.

Deux éditeurs francophones – un québécois et un français – ont achetés ensemble les droits de traduction pour une somme record dans le milieu de l’édition indépendante.

Du coup, côté prix, le livre coûte 34,90€, ce qui n’est pas donné, mais il les vaut amplement.

 

Je rappelle le titre :

Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, Tome 1, de Emil Ferris, paru chez Monsieur Toussaint Louverture,

Traduit de l’américain par Jean-Charles Khalifa

À acheter ou à commander dans votre librairie indépendante car, on le rappelle, le prix du livre est le même partout en France, quelque soit le commerce, grâce à une loi votée en 1981.

 

Excusez-moi de vous interrompre, en direct sur Radio Mon Païs (RMP pour les intimes) tous les lundis à 17h.

Rediffusion Lundi 22h – Mardi 11h – Samedi 16h30.

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