Notre weekend itinérant en Tarn-et-Garonne se poursuit côté vignobles. Après notre virée à vélo le long du canal de Montech, direction la base des Loisirs des Trois Lacs, pour une pause fraîcheur. Puis changement de cap. On reprend la voiture en direction de La Salvetat-Belmontet.
La vigneronne Muriel Zoldan, du domaine Antocyâme, nous attend pour une visite du chai et de ses terres. Et une dégustation…
La commune de La Salvetat-Belmontet se situe dans le sud-est du département, à la frontière avec le Tarn. Lauriane, notre gentille organisatrice de l’Agence de Développement Touristique du Tarn-et-Garonne, nous rejoins à l’entrée du domaine Antocyâme. Alertée par nos papotages, la maîtresse des lieux viens nous accueillir en personne.
Les vins du Tarn-et-Garonne
On entre tout de suite dans le vif du sujet : c’est parti pour la séance de dégustation ! D’abord les blancs, puis les rouges. Le Tarn-et-Garonne, c’est un tout petit département, mais il compte pas moins de six appellations : Fronton (AOC*), Saint-Sardos (AOC), Lavilledieu (IGP*), Brulhois (AOC), Coteaux-du-Quercy (AOC), et Coteaux-et-terrasses-de-Montauban (IGP). C’est cette dernière micro-appellation que travaille Muriel Zoldan.
* Pour en savoir plus sur ces sigles, rendez-vous à la fin de l’article
Vins natures
Muriel a racheté le domaine en 2017 : sept hectares de vignes passés en agriculture biologique depuis 2010. Plusieurs cépages y sont travaillés : sauvignon et chardonnay pour les vins blancs, et merlot, syrah, cabernet franc, abouriou et tannat du côté des rouges.
Les vins d’Antocyâme sont des vins dits « nature », sans intrants. Muriel nous montre une plaque très pédagogique réalisée par l’association Les Vins S.AI.N.S., expliquant quels sont les différents types d’additifs qui peuvent être ajoutés aux moûts de raisin, en allant du vin « conventionnel » qui en contient le plus, jusqu’aux vins dits S.A.I.N. S. (Sans Aucun Intrant Ni Sulfite « ajoutés »).
Vinification
Les vins de Muriel sont élevés dans des contenants traditionnels, comme les cuves en béton ou les tonneaux en bois. Mais dans son chai, on rencontre aussi des choses plus originales : des amphores en terre cuite, ainsi qu’une cuve de polymère en forme d’œuf. Muriel s’amuse à vinifier le vin de plusieurs manières : classiques, traditionnelles et expérimentales. S’amuser, jouer, expérimenter, ce sont d’ailleurs des mots qui reviennent souvent dans son vocabulaire. Pour elle, « un vin, ça se conçoit et ça se pense. Il faut s’autoriser à faire des ratés. Un peu comme un poème« .
L’originalité jusque sur l’étiquette !
Ce qu’on a goûté :
Blanc de Zinc : un vin très minéral, 100 % Sauvignon
Sélénité : un joli chardonnay élevé en amphore
SLT : un rouge fruité composé de syrah, de cabernet franc et de tannat
Libre Cours : un syrah que j’ai beaucoup aimé, et que je me vois bien servir aux copains pour un apéro ou un dîner (ou les deux !).
Churelurez ! : un vin travaillé à partir de vieilles vignes (merlot, abouriou, tannat + syrah). Il tire son nom d’un ancien verbe oublié d’ancien français, churelurer, qui signifie « goûter du vin en se rinçant la bouche ».
Visite du vignoble
Après la dégustation, nous avons eu la chance de faire un tour sur le terrain de jeu de Muriel : ses vignes. La vigneronne nous a accompagnées sur une superbe parcelle située en haut du colline, d’où on peut apprécier les courbes et les rondeurs des paysages alentours.
Forêts, collines, terrains cultivés… Un paysage façonné au fil des siècles par la main de l’Homme. On a essayé d’arrêter de prendre en photo toutes les grappes de la vigne, tellement belles dans la lumière de la fin de l’après-midi, mais sans trop y parvenir…
Travail manuel
Ici, pas de chimie pour désherber autour des pieds vignes : tout le travail se fait à la main. Muriel bichonne ses ceps, elle leur fait même boire de la tisane (des décoctions de plantes, en fait). Du coup, fleurs et herbes folles y poussent en bonne entente avec les grappes de raisins. Le paradis pour les petits insectes.
Muriel joue aussi à la coiffeuse avec ses pieds de vigne, n’hésitant pas à leur créer de nouvelles coupes (notamment en forme de cœur).
Vigneronne
Côté CV, Muriel Zoldan semble avoir un sacré parcours ! Œnologue de formation, elle s’est intéressée à la chimie, a géré des domaines, a travaillé dans la vinification des vins du Languedoc, et même dans la fabrication de bouchons. Bref, elle connaît son sujet sur le bout des doigts.
J’étais ravie de voir le fruit de son travail, de sa philosophie, le fruit d’une conception du temps probablement très différente de celle de nombreux agriculteurs. Muriel cultive et vinifie avec patience et amour.
Je l’imagine combattante et déterminée, aussi, car la reconnaissance des femmes dans la profession de vigneron est assez récente. Il ne faut pas oublier que c’est un métier qui les a souvent exclues, les cantonnant aux travaux subsidiaires.
BILAN
06 74 91 28 23
muriel@antocyame.com
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À faire dans le coin
Deux petites randos partent de La Salvetat-Belmontet (parking de la mairie) :
- La Planette – 4, 5 kilomètres (1 h 30)
- Le Biguet – 3, 5 kilomètres (1 h)
À retrouver dans la brochure Randonnées de l’office de Tourisme.
Baignade à la base de loisirs des Trois Lacs, à Monclar-de-Quercy
Toutes les infos par ici.
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Retrouvez l’ensemble du programme de notre weekend itinérant en Tarn-et-Garonne par ici !
Et je vous recommande vivement la lecture de l’article de blog de Cindy par là !
* Pour briller en société
(et gagner des camemberts au Trivial Pursuit)
Parlons un peu pinard et sigles.
A.O.C. (Appellation d’Origine Contrôlée)
Créée en 1935 pour protéger les noms des vins, la qualité des terroirs et leurs caractéristiques, elle indique aujourd’hui que le produit est fabriqué dans une zone géographique déterminée selon des usages «locaux, loyaux et constants ». Ce label est attribué par l’I.N.A.O. (Institut National des Appellation d’Origine).
A.O.P. (Appellation d’Origine Protégée)
Signe attribué en fonction d’un cahier des charges établi par l’Union Européenne. En 2009, le label A.O.P. a remplacé l’A.O.C. Mais l’A.O.C. reste tout de même un pré-requis indispensable pour obtenir l’A.O.P. Et malgré la création de l’A.O.P., l’A.O.C., considérée comme un gage de qualité, peut encore être utilisée sous la forme d’une mention. C’est compliqué ? Ben oui.
I.G.P. (Indication Géographique Protégée)
Créé en 1992, le sigle I.G.P. a remplacé l’appellation «vin de pays». Pour se voir attribué ce «signe», il faut qu’au moins une des étapes de culture ou de vinification ait été réalisée dans une zone géographique restreinte ou un lieu déterminé.
Mais on se rappellera qu’un vin sans aucune appellation ou indication de ce type peut être absolument délicieux.
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